La terreur à Paris

106 LA TERREUR A PARIS

encore des draps, allons les vendre!» On allait vendre ses effets; que dis-je? On allait les donner à un agioteur, qui les achetait pour rien. — J'ai acheté, en 1791, une couverture de quarante francs. Pour un ouvrier, c'est quelque chose de beau. En cinq années de temps, une couverture ne perd pas la moitié de sa valeur. Eh bien! cette couverture que j'avais achetée quarante livres, je l'ai vendue 1,200 livres en assignats ; et avec ces 1,200 livres j'ai eu douze livres de pain, ce qui valait à peu près trente-six ou quarante sous. »

Les plus à plaindre, certes, étaient lesouvrierslaborieux oupaisibles,quinese mêlaient pas de politique.

En mai 1793, l'ouvrage manque, les denrées sont chères‘, ilne vient au marché de Poissy que quatre cents bœufs, au lieu de huit mille. Les bouchers déclarent que la semaine suivanteil n'y aura de viande à Paris que pour les malades. L’eau-devie a triplé de prix *.

En 1792, les denrées sont déjà très élevées. En 4793, elles deviennent hors de prix pour le pauvre peuple. Au lieu de 50 francs, le sac de blé vaut à Paris, en février 1793, 65 francs ; en mai 1793, 400 francs ; en juin, 145, puis 150 francs.

4 Schmidt, tableaux, etc. [. 1% mai 1793.

? Depuis la ruine de Saint-Domingue et le pillage des épiceries, les denrées coloniales sont hors de prix ; le menuisier, le maçon, le serrurier, le fort de la halle n'ont plus leur café au lait le matin et, chaque matin, ils grondent en songeant que la récompense de leur patriotisme est un surcroît de privations. »

Taine. La Révolution. t. 11. p. 193.