La terreur à Paris

LA MISÈRE 127

oublies avec le ventre! — Il semble qu'Isaïe ait écrit pour les Français de ce temps : « Vous ne penserez qu à vousréjouir et à vous divertir, à tuer des veaux et à égorger des moutons, à manger de la chair et à boire du vin : mangeons et buvons, direz-vous, nous mourrons demain. »

— Méot! dans cet angle de la rue des Bons-Enfants, paradis oublié dans la cité dolente! Des cassolettes d’or, autour des tables où se versent les précieuses liqueurs, l'encens s'échappe et monte en nuages odorantst. Voici la chambre verte, bientôt historique, où va se rédiger une constitution, le contrat d’un peuple, la constitution de 1793, la constitution Méut, comme on dira ?, — salles d'Apollon, où Lucullus.se reconnaitrait chez lui! Les crus opimiens, surprises et recherches exquises, toutes les féeries gourmandes ! vaisselle plus précieuse que l'airain de Corinthe et l’eau à la neige que les esclaves versaient sur les mains des convives antiques! — Soudain, comme du sanglier fendu de Trimalcion, laissant s'envoler une voléede grives, — du plafond quis’entr'ouvre descend, parée de myrthe, la Cypris de Cnide dont le char est attelé de colombes, ou bien c’est la Chasseresse, fille de Jupiter et de Latone, portant la peau de tigre sur ses épaules nues, ou l’Aurore, semant les roses; déesses: qui se font humaines une fois le pied sur le tapis des festins nocturnes. Plus loin, un salon abandonné : c’est là qu'autrefois des mains féminines vous massaient dans nne cuve de vin Ÿ. — Chez ce Méot, au bout d’une de ces

! Le nouveuu Paris, HI. 2 L'accusateur public. # Le nouveau Paris, III.