La terreur à Paris

9299 LA TERREUR A PARIS

cer un lit de camp. Jusqu'à l'obtention de ce malheureux lit, on était renfermé pendant la nuit avec les misérables appelés pailleux, au milieu d’une fange plus dégoütante que celle où reposent les animaux les plus immondes. C'est presque toujours par là qu'il fallait passer en arrivant. On attendait les chambres à lits quelquefois plus de quinze jours ; on les payait 18 francs par mois, quoique souvent on ne les occupät qu'une nuit". »

Le mème prisonnier”, jeté dans la prison de la Conciergerie y retrouve des amis, des collègues. Il y trouve aussi l'égalité la plus grande dans le malheur et il est témoin de toutes les misères subies par les prisonniers :

« Le régime était le même pour tous, raconte-t-il ; le due, par cela seul qu’il était duc, n’était pas distingué du voleur, mais seulement s'il payait mieux ; c'était là qu'on avait réclu l'égalité, autant qu’il est possible de concevoir un tel système ; mais c'était l'égalité de misère.

« En voyant cireuler ensemble, à travers les énormes barreaux qui divisaient la prison, des assassins, des philosophes, des ducs, des princes, des poètes, des financiers, des voleurs, Barnave me disait un jour : « En considérant ces hautes puissances, ces philosophes, ces législateurs, ces vils misérables, ici confondus, ne vous semblet-il pas qu'on est transporté sur les bords de ce fleuve infernal dont nous parle la Fable, et qu'on doit passer

1 Beaulieu. Essais historiques, t. V.

Beaulieu.