La terreur à Paris
LES SALONS DE PARIS 291
bunal de sang, et que, pour cette raison, on avait baptisée du nom de vestibule de la mort.
« Les détenus avaient imaginé de combler le vide et de diminuer la longueur des soirées dont l'ennui les dévorait, par l'établissement d'un club, dontilsrédigèrent le règlement et dont les séances quotidiennes s'ouvraient à huit heures du soir, après le roulement du souper. Tous les prisonniers avaient la faculté d'y siéger. On n'en exceptait que les faux témoins, les fabricants de faux assignats, les espions et les dénonciateurs.
« Un décret du 14 fructidor an I, avait interdit l'usage des cloches dans tous les établissements publics, dans les collèges comme dans les prisons; le bruit, plus martial, des tambours y avait été substitué. Ge changement n'était pas du goût de tout le monde ; il causait souvent de grandes frayeurs aux dames et troublait plus profondément dans leurs travaux ou leurs réveries l'esprit scientifique ou l'âme contemplative. Par une exception bizarre, une cloche avait été conservée à la Conciergerie ; c'était celle qui avertissait de l’arrivée du fatal tombereau. Aux sons de cette cloche, tous les captifs devaient descendre dans les cours pour répondre à l'appel du concierge, chargé de lire la liste des condamnés.
« Pour beaucoup, la séquestration, les mauvais traitements, l'incertitude d'un avenir meilleur, l'abandon de tout secours, l'anxiété et les alarmes perpétuelles dans lesquelles ils étaient forcés de se débattre, équivalaient à une lente et douloureuse agonie. La vie leur était à charge entre ces quatre murailles noires et menaçantes qu'ils avaient en horreur; ils invoquaient, à toute heure du jour et de la nuit, cette liberté insaisissable après