La terreur à Paris
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lait devant cet égout infect et la bouche collée sur le trou, échangeait les sentiments de son cœur contre ceux de sa mère. C'est là que son plus jeune frère, âgé de trois ans, le seul compagnon de ses derniers moments, beau comme l'Amour, intéressant comme le malheur, venait lui dire : « Maman à moins pleuré cette nuit, un peu reposé, et te souhaite le bonjour ; c'est Lolo qui t'aime bien, qui te dit cela. » Enfin, c'est par cet égout que cette malheureuse mère, allant à la mort, lui remit sa longue chevelure comme le seul héritage qu’elle pouvait lui laisser, en l’exhortant à faire réclamer son corps, ainsi que la loi le lui permettait, pour le réunir aux mânes de son époux et de son ami qui périrent le même jour!. »
On y était, d'ailleurs, horriblement mal dans cette prison. Un prisonnier écrit :
« Les lits se touchaient : la moitié du mien était même sous celui de mon voisin, et deux autres collègues couchaient par terre faute d'espace. Pour se mettre au lit, il fallait entrer par les pieds, et pour rester dans la chambre, il fallait se tenir sur les lits ou en démonter quatre ou cinq... Pour y arriver, il fallait traverser une loge de cochons, placée au pied de l'escalier. Ces animaux venaient nous incommoder jusque dans notre gîte. Par les fenêtres, une autre loge de cochons, et à l’autre extrémité les latrines communes,
« Parlerons-nous de l’infirmerie ? On n'obtenait d'y
4 C'étaient Kolly, ancien termier général, et Francois Beauvois, son ami. Mémoires sur les Prisons, t, IT,