La terreur à Paris

LES SALONS DE PARIS 9247

être transféré que quand on était mourant. Et qu'était-ce que cette infirmerie ? un véritable cimetière. Là deux et souvent trois malades occupaient le même grabat, sans soins, sans ressource, sans consolation. Les maladies y étaient amalgamées de la manière la plus révoltante. La fièvre lente y gisait à côté de la putride, à côté de l'aiguë. Les visites des parents, des amis y étaient interdites. Rarement on y passait trois jours, et jamais on n’en sortait vivant. Au risque de mourir dans les bras les uns des autres, nous nous étions engagés à ne jamais permettre qu'aucun de nous allât s'ensevelir dans le tombeau fétide de l’infirmerie !. »

M"° Roland’ trace ainsi un tableau de SaintePélagie*. « Le corps de logis destiné pour les femmes est divisé en longs corridors fort étroits, de l'un des côtés desquels sont de petites cellules telles que j'ai décrit celle où je fus logée ; c’est là que, sous le même toit, sur la même ligne, séparé par un plâtrage, j'habite avec des filles perdues et des assassins. À côté de moi est une de ces créatures qui font métier de séduire la jeunesse et de vendre l'innocence. Au-dessus est une femme qui à fabriqué dé faux assignats et déchiré sur une grande route un individu de son sexe, avec les monstres dans la bande desquels elle est enrôlée. Chaque cellule est fermée par un gros verrou à clef qu'un homme vient ouvrir tous les matins, en regardant effrontément si vous êtes debout ou couchée. Alors leurs habitantes se réunissent dans les corridors,

Histoires des Prisons. t. I. ? Mémoires.