La terreur à Paris

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Gobet, Chaumette et un royaliste amalqamé nommé Arthur Dillon. C'était un très vieux prisonnier. Il avait commis un forfait inouï. On Pavait accusé d'un terrible complot, qui devait consister à s’em-

ral de l’armée révolutionnaire. M. Arthur Pougin a consacré, dans le Temps, une intéressante étude au comédien Grammont qui, après avoir Joué les rôles tragiques au théâtre, les joua au naturel sur la scène politique :

< De la fin de sa carrière dramatique, dit notré confrère, au théâtre Montausier, il n’y à pas grand'chose à dire, sinon que dans une tragédie d’un certain Chevalier, la Mort d’Abel, représentée le 29 mars 1792, il créait le rôle de Caïn, celui d’Abel étant joué par Damas. Il n'avait donc pas encore quitté la scène à cette époque. Mais assurément il ne devait pas y demeurer longtemps encore, car dès ce moment il s'était lancé déjà dans la politique, fréquentait les clubs et comptait, dit-on, au nombre des orateurs les plus fougueux du Palais-Rovyal. »

En juin 1792, Grammont est nommé adjudant général de l’armée dite des côtes de la Rochelle, qui, sous les ordres du dramaturge Ronsin, était destinée à combattre les Vendéens.

« Le à septembre 1792, la Convention établissait à Paris une armée révolutionnaire; Bouchotte, alors ministre de la guerre, rappelait Ronsin pour lui en donner le commandement, et celui-ci gardait auprès de lui, comme adjudant général, Grammont, qui lui-même prenait son fils, âgé de dix-huit ans, comme aide de camp. « Revenu à Paris, dit un des biographes de Grammont, le

. cher d'état-major se rangea parmi ces hommes turbulents connus sous le nom d'épauleliers, qui un moment inquiétèrent Robespierre, et qu'il fit poursuivre comme ultra révolutionnaires. » Et un autre : « Il fut, en 1793, chef d'état-major de la fameuse armée révolutionnaire dont Ronsin était le chef, et il établit ses bureaux dans la rue de Choiseul, où nous l’avons vu en costume militaire jouer au naturel les rôles tragiques. »

« On peut croire, en effet, qu'à ce moment Grammont comptait au nombre des pires démagogues. Ce qui est certain, c'est qu'en sa qualité de chef d'état-major de l'armée de Paris, c’est lui qui commandait la force armée Le jour du supplice de la reine, et que sa conduite, en cette circonstance, envers cette princesse, dont, nous l'avons vu, il avait naguère sollicité et obtenu la protection, fut celle d’un misérable et d'un lâche. »