La terreur à Paris

LES JUGES ET LES MASSACREURS 975

été prévenue que, si elle ouvrait la bouche, elle serait enfermée pour ne plus jamais voir le jour. »

Comme les félins, il avait le goût du sang; il aimait à voir les tortures, les angoisses de ses victimes; il les épiait du guichet et il devenait colère, furieux, quand ses victimes trompaient son attente :

« Voyez comme elles sont effrontées, » s’écriat-il en voyant un jour M°*° de Sainte-Amaranthe et M°* de Sartine, sa fille, la figure calme en ce moment fatal, « voyez comme elles sont effrontées ! il faut que j'aille les voir monter à l’échafaud, pour savoir si elles conserveront ce caractère, quand je devrais manquer mon dîner! »

Il ne faisait même pas toujours bon d'être acquitté quand on n'avait pas l’approbation de Fouquier-Tinville. « Fretteau, ancien conseiller du Parlement de Paris, et depuis juge du tribunal de l’arrondissement, en fit l'expérience. Lorsque Fouquier en recut la nouvelle :

— Comment, s’écria-t-il, a-t-on pu acquitter Fretteau? N'était-il pas noble, ex-conseiller, cidevant constituant, fanatiqué ?

— Mais, lui répondit-on, il n'y avait rien contre lui.

— Il fallait lui reprocher d'avoir refusé pour