Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC #47

sortie des bornes des pouvoirs dans lesquelles elle devait être sans cesse rejetée ». Sa conduite ne manquait doncpas d’habileté, car il atteignait ce double but, de donner des satisfactions légitimes aux Girondins et de résister aux empiétements de la Commune.

Cependant, lorsque la Commission des Douze montra de la fermeté, par qui fut-elle attaquée? Par Danton luimême, qui, entraînant avec lui Delacroix, se sépara de ses collègues (L).Cette scission du Comité ne lui permit pas d'intervenir utilement dans la révolution qui s'accomplissait.

Le choix que fit le Comité, le30 mai, decinq membres adjoints pour rédiger la constitution, prouvait qu’on s’éloignait de plus en plus de la Gironde. On avait pris deux dantonistes, Hérault deSéchelles et Mathieu, ettrois amis de Robespierre, Ramel, Couthon et Saint-Just. La cause des Girondins était de plus en plus compromise ; il y avait chez les amis de Barère une certaine lassitude de toutes ces luttes, et peut-être aussi un peu de jalousie à l'égard de la Commission des Douze, dont l'énergie les étonnaitet les inquiétait. N'était-ce pas un pouvoir nouveau, qui menaçÇait de s’élever en face du Comité de salut public?

Quoi qu’il en soit, les ennemis de la Gironde surent mettre à profit cette désunion et cette faiblesse du gouvernement. Le 30 mai, le maire de Paris. Pache, et le procureur syndic, appelés devant le Comité, qui savait l’insurreetion imminente, furent énigmatiques.« Aucune puis-

(1) Dans la séance du 27 mai, Danton la qualifie de « commission funeste, qui tourne les armes qu’on a mises entre ses mains contre les meilleurs citoyens ». Barère va jusqu'à dire, dans ses Mémoires, que Danton et Delacroix avaient rédigé sur le bureau même du Comité la pétition que la Commune vint présenter à la Convention le 31 mai.