Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 53

comme nous l’avons vu, de faire, dans un délai de trois jours, un rapport sur les Girondins; le 3 juin, on le lui rappela. Le cas était embarrassant : il était plus facile de montrer que la chute de la Gironde constituait un avantage pour la République, que de prouver la légalité de cetacte. Le mieux était donc de renvoyer l'affaire le plus possible. Mais le 5 juin, Fonfrède fait remarquer que le Comité aurait déjà dù fournir son travail. Barère répondit que les pièces manquaient. Le lendemain, il dit que la Commune et le Comité central révolution naire n'avaient envoyé que des renseignements sans valeur et des « réponses dérisoires ». Il débita néanmoins un long discours, très embrouillé, très ambigu. Il ne pouvait réprouver le 31 mai; il ne voulait pas non plus en glorifier les auteurs, au moment où il se proposait de briser leurs pouvoirs. Pour éviter, dit-il, le retour d'une journée où les meilleurs amis de la liberté ne peuvent pas s'empêcher de voir « un abus de la force », il faut détruire ces comités révolutionnaires « qu'un orage a créés », mais qui ne sont plus que des « instruments d’anarchie et de vengeance » ; il ne faut pas que la Convention soit soumise au caprice de sections remuantes, ni qu’elle reste à la merci d’une force publique commandée par des hommes qu'elle ne connait pas. Il propose donc de supprimer les comités révolution naires, de placer la garde nationale de Paris sous l’autorité de la Convention, et même d'envoyer dans les départements dont les députés avaient été décrétés d’arrestation, un nombre égal de députés pour y demeurer comme otages.

Les Montagnards accueillirent fort mal ces propositions. Robespierre, Bourdon de l'Oise, Danton lui-même les combattirent, ct firent ajourner la discussion au len-