Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

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ses jambes. L'auto reste en panne au pied des montagnes, le char à bœufs s'embourbe dans les terres basses, le cheval lui-même abandonne son cavalier dès le troisièmetorrent. Reste donc le voyage à pied. Il est réservé à celui qui possède des muscles vigoureux et un estomac qui sait se contenter de galette de maïs. Il est nécessaire au surplus de professer le plus profond mépris pour les révoltés Albanais quirôdent sur les bords du Drin Noir. Un coup d'œil trop superficiel sur la carte pourrait faire croire à la possibilité de s’aider sur une cinquantaine de kilomètres du troncon de voie ferrée Mitrovitza-Katchanik, encore au pouvoir des troupes serbes, mais pareil espoir amènerait des mécomptes! Ces rails naissent d’un cul-de-sac au pied des Alpes albanaises, et leur unique débouché est au milieu de l'armée bulgare, maitresse d'Uskub. Et maintenant, que voulez-vous que je vous dise ? Ai-je le droit au milieu de tout ce débordement de douleurs, de vous narrer