Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

PARMI CEUX QUI NE CHANTAIENT PLUS 237

l'ennemi! » Et je savais que cela ne serait pas. Une fois à Kossovo, pour les décider à reculer encore, je leur ai dit : « Cette fois, nous marchons de l'avant, vers l’ouest. » Et c'était faux. Je les trompais, car nous reculions toujours, vers l’est. Sur le Drin noir, jerecus l’ordre de détruire notre artillerie qui ne pouvait passer la montagne. Mes hommes refusèrent.

« Pensez donc ! Leurs 95, dont ils étaient si fiers, qu'ils paraient jadis de fleurs pour traverser les villes, ces 95 dont toute l’armée serbe, les matins de bataille, saluait les premiers coups par ces mots : « Franzous gremi ! Le Français gronde | » Mes artilleurs déclarèrent : « Plutôt que de laisser nos batteries, nous préférons mourir de faim, là, près de nos pièces ». Je priai, je menaçai. Rien. Alors, je leur mentis encore. Je leur promis qu’à Scutari des canons neufs les attendaient avec des caissons d'obus. Ils crurent à nouveau ma parole et dévissèrent alors le frein de leurs pièces. Sur le rebord d’un plateau qui dominait de cent