Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

158 LE GÉNÉRAL DUPHOT

ne me permettait point d'entendre tranquillement une semblable ouverture; que d’ailleurs elle me semblait aussi inutile que déplacée. Ils reprirent qu'ils voulaient avoir mon conseil, et savoir si le gouvernement français protégerait leur révolution une fois faite. Je leur dis que, spectateur impartial des événements, je rendrais compte à mon gouvernement de ce qui se passerait; je ne pouvais avoir autre chose à leur dire dans le moment; que l’époque de la pacification générale ne paraissait pas devoir être celle à laquelle le gouvernement désirât des événements qui pourraient la retarder; que, comme homme, je les exhortais à la tranquillité; que je ne croyais pas qu'ils eussent des moyens en eux-mêmes; que le gouvernement français ne leur en prêterait pas; que, comme ministre français, je leur enjoignais de ne plus se présenter chez moi avec de telles intentions ; qu’au reste, le sort des États était, comme celui des individus, caché dans le sein de l'avenir, mais qu'il ne m'était pas donné à moi d’y pénétrer. Ils partirent en m’assurant que tout s’assoupirait pour le moment. La nuit se passa tranquillement. Le lendemain au soir, M. le chevalier d’Azara me dit confidentiellement qu’il venait de chez le secrétaire d’État; qu’il serait possible que des brouillons fissent bientôt un mouvement aussi ridicule par leur peu de conduite et leur peu de moyens, que celui qu’ils avaient voulu essayer quelques mois auparavant. Dans le fait, cette nouvelle était celle de la ville. Je sus chez madame la marquise Massimi, où