Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

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un de mes trois interlocuteurs du 6. Je le lui fis sentir. Je lui ordonnai de se retirer sur le champ de la juridiction de France, d'engager ses camarades à en faire autant ; sans quoi j'allais prendre des mesures terribles contre eux. Il se retira confus. Les militaires qui étaient avec moi lui firent sentir la folie de leur entreprise. Je leur en avais fait sentir l’impudente témérité. « Sile gouverneur de la ville fait pointer contre vous un canon, où est votre prétendue liberté ?» reprit l’adjudant-général Sherlock. Il partit. Un artiste francais arrivant nous prévient que l’attroupement devient nombreux ; qu'il à distingué dans la foule des espions bien connus du. gouvernement, qui criaient plus fort que les autres : Vive la République! Vive le peuple romain ! Que l’on jetait les piastres à pleines mains et que la rue était obstruée. Je le chargeai de descendre aussitôt et de faire connaître ma volonté aux attroupés.

Les militaires français me demandèrent l’ordre de les disperser par la force; cette proposition n’attestait que leur dévouement trop généreux. Je pris les décorations de ma place et les priai de ine suivre. Je préférais leur parler moi-même, parlant leur langue. En sortant de mon cabinet, nous entendimes une décharge prolongée. C'était un piquet de cavalerie qui, entrant dans ma juridiction sans m’en prévenir, l’avait traversée au galop. Il avait fait feu par les trois vastes portiques du palais. La foule s'était alors précipitée dans la cour et sur les escaliers. Je rencontrai sur mon passage des mourants,

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