Le général Duphot : 1769-1797 : avec un portrait

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diner du cardinal. Il me pria de me retirer pour le moment, en m’engageant à me trouver chez lui avec le ministre d’Espagne, à six heures du soir. Il devait s’y rendre avec celui de Toscane. Nous convinmes de tout cela. Je me rendis chez moi, convaincu par la sérénité du secrétaire d'État que l’affaire de la nuit n’aurait aucune suite. J’y trouvai le général Duphot, l’adjudant-général Sherlock, deux artistes français. Nous causâmes de l’enfantillage révolutionnaire de la nuit, comme dela nouvelle du moment. Nous allions nous mettre à table : nous étions retardés par l’absence de mes secrétaires, occupés à rédiger avec exactitude la note des personnes autorisées à porter la cocarde. Je voulais envoyer cette pièce au cardinal secrétaire d'État, avant diner, quoiqu'il ne l’eût pas désirée avant le soir.

Le portier me prévint qu'une vingtaine d'hommes venaient de se présenter pour entrer dans le palais; qu'il le leur avait défendu, parce qu’ils avaient beaucoup de cocardes françaises à la main, qu’ils commencaient à distribuer aux passants en les excitant à crier : Vive la République! Vive le peuple romain ! Un d’eux demanda à me parler. C'était un artiste que je connais, m’ayant été recommandé à Paris par le ministre votre prédécesseur. Il se présente à moi comme unfrénétique, en disant: « Nous sommes libres, mais nous venons demander l'appui de la France. » Ce discours insensé était d’une témérité révoltante dans la bouche d’un artiste qui était