Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE VIl.
Coutumes monténégrines. — Funérailles. — Superstitions. — Les vilas. — Le vampire, — Les présages. — Les serments. — Fêtes religieuses et fêtes de famille. — Les proverbes. — L'hospitalité. — La vendetta et la réconciliation. — La danse et sa légende. — Fiançailles et mariages.
Si la violence de la douleur se mesurait à l'intensité des cris et à l'abondance des larmes, on devrait croire que nulle part les morts ne sont plus regrettés et mieux pleurés que dans la Montagne Noire. Le dernier soupir du malade est à peine exhalé que, dans l'assemblée de parents et d'amis venus pour assister à ses moments suprêmes, et jusque-là plus ou moins mornes ou indifférents, éclate, comme à un mot d'ordre, un ensemble d’exclamations sans suite, où prédomine la voix des femmes, qui n'interrompent leur funèbre concert que pour se frapper le front et la poitrine, se déchirer la figure et s’'arracher les cheveux'. A cette première période de bruyantes et sauvages manifestations, auxquelles des voisins ou même des étrangers sont venus tour à tour apporter leur tribut, succède un calme relatif, au milieu
? Un paragraphe spécial du code de Danilo Ier interdit ces manifestations sauvages; mais il faudra bien du temps pour qu'elles disparaissent complétement des mœurs, bien que les peines à encourir soient assez sévères :
Ant. 87. — Les barbares coutumes qu'ont les hommes et les femmes, lorsque quelqu'un meurt, de se tailler les cheveux, de s'égratigner, de se déchirer et de se défigurer pour longtemps, sont défendues à partir d'aujourd'hui, et tout Monténégrin et Berdiani qui le fera payera, la première fois, deux sequins d'or d'amende, qu'il soit homme ou femme indistinctement. (Code de Danilo de 1855.)