Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE SEPTIÈME. 213
sence de sept ou de treize convives à table, la croix formée par deux baguettes ou par la cuiller et la fourchette, le mélange fait de la main gauche, l'huile ou le sel répandus, le hurlement des chiens, le eri du hibou, l'entrée du pied gauche dans la maison.
Les Tsernogortses attribuent à quelques saints un pouvoir particulier sur les éléments, croyance du reste générale, bien que plus ou moins diversifiée dans la chrétienté. Pour eux, c'est saint Elie qui dirige le tonnerre, saint Pantalémon qui commande aux ouragans, saint Nicolas qui veille sur les mers, c’est enfin la Vierge elle-même qui possède la royauté du feu.
Prodigues de serments, ils invoquent à tout propos Dieu, la Madone et les saints, en témoignage de la sincérité de leurs paroles ou de leurs actes. C’est quelquefois par la chässe d'un saint, par le patron de leur village, par le saint de la journée, par le dimanche ou par le jour vénérable du vendredi, que ces serments sont faits ; et soit qu'ils prononcent eux-mêmes, soit qu'ils entendent prononcer le nom de Dieu, de la Vierge, ou des saints, ils portent la main à la bouche et au front en signe de respect. À tout moment revient dans leur discours l’inévitable bogami, par Dieu, ou le {akomi boga, aussi vrai que Dieu. Si deux individus ont à prononcer ensemble un serment, ils saisissent chacun de la main gauche l'extrémité d’une ceinture déroulée ; puis, élevant la main droite vers les saintes images, ils articulent d'une voix solennelle les paroles consacrées.
Leurs vœux les plus ordinaires consistent à jeûner le mardi ou le mercredi, à se rendre pieds nus à telle église ; à porter à tel saint une petite plaque d'argent sur laquelle se trouve un œil, une main, un pied, ou telle