Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE SEPTIÈME. 231
ble comme dominée par la vigueur et la beauté de ce dernier qui, du reste, bien disposé à ne rien céder au beau sexe des attentions dont il est l’objet, n’a souci que de briller, même aux dépens de sa compagne. Aussi, tantôt les bras étendus sur elle, il a l'air de la couvrir d’une idéale protection; planant en quelque sorte sur sa tête, dans une mimique fascinante, il ressemble au faucon prêt à fondre sur la timide tourterelle, ou à l'aigle qui, du haut des airs, se dispose à étreindre dans ses serres un agneau sans défense. Car, ce qui ne paraît à l'étranger qu'un jeu sans grande signification, ou propre seulement à donner une frappante idée de la force et de la légèreté du montagnard, et à manifester une fois de plus la supériorité que l'homme veut ici garder en tout, est en réalité une scène dramatique dont la légende à conservé et raconte l'origine.
Quand les anciens Monténégrins voulurent créer une danse nationale, ils hésitèrent longtemps, ne sachant s'ils devaient inventer quelque chose de tout nouveau ou adopter quelqu’une des danses de leurs voisins.
Ils devaient en effet connaître cette danse albanaise, l'ancienne pyrrhique, où les pieds font trembler le sol frappé en cadence, tandis que les danseurs, brandissant leurs sabres nus ou entrelaçant leurs bras, ressemblent plutôt à de féroces combattants. Le kolo des Serbes etdes Pallikares, cette danse du cercle qui va toujours s’élargissant, entraînant par centaines les filles et lès garçons’,
1 On a parlé souvent du kolo comme d'une danse monténégrine, alors qu'il est absolument inconnu en Tsernagore; mais comme il est fréquemment question de cette danse dans les ouvrages concernant les pays serbes, nous en donnerons ici une courte description. Dans le kolo, tous les danseurs, hommes et femmes, se tenant soit par la main, soit par l'intermédiaire de mouchoirs, ou même attachés l’un à l'autre par la