Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SEPTIÉME. 235

viennent, on se remet à table, et lorsque chacun des convives à bu trois fois, suivant l'antique usage, le chef des proszci offre à la jeune fille un verre de vin. Si celle-ci accepte, c'est que les parents l’accordent définitivement; alors le représentant de son futur époux lui donne une pomme dans laquelle est implantée une pièce de monnaie, et que la fille remet ensuite à son père, à son frère, ou au chef de la maison quel qu'il soit. Les parents et les proszci ayant achevé le contrat, on convient du jour où l'époux devra envoyer le cortége nuptial pour recevoir la prétendue. Dans cet intervalle, le fiancé fait choix de deux parents ou de deux amis, chargés de servir de parrains à sa future : ce sont les djevers ou paranymphes de Pancienne Grèce. Il invite également tous les jeunes gens de sa connaissance qui devront figurer dans le cortége destiné à aller prendre la fiancée : ce sont les svati. Dès l'aube du jour arrêté pour les épousailles, et même dès la veille, si la résidence de la jeune fille est éloignée, la joyeuse compagnie des djevers et des svali, formée tout entière de cavaliers, quand on le peut, et emmenant avec elle une monture destinée à la jeune épouse, après avoir bu le coup de l'étrier, quitte la maison du futur, et, précédée d'un porte-étendard ou bariaktur, chantant, caracolant, tirant des coups de fusil, se porte à la rencontre d’un cortége semblable envoyé par les parents de la fille. Au moment où les deux troupes sont en vue l’une de l'autre, les deux bariaklari, se portant en ‘avant, simulent un combat de quelques instants, puis, mettant pied à terre, dansent, s'embrassent et déchargent leurs pistolets. Tous arrivent enfin devant la maison de l'épousée, sur le seuil de laquelle ils trouvent, prêts à les recevoir, les parents de la fille, à