Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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l'exception toutefois du père et de la mère. Les djevers se présentant alors réclament la mère, l'informent de leur mission, et demandent qu'il leur soit permis d'emmener la promise. La mère doit s'opposer à leur dessein, pleurer à la rigueur, jusqu’à ce que, calmée par les présents qui lui sont offerts, elle accorde un dernier consentement. Le cortége des svati pénètre alors dans la maison où se trouve ouvert un coffre, don du fiancé, et généralement acheté au bazar de Rieka ou à Scutari. Ce grand bahut, peint en couleurs voyantes, est destiné à recevoir les cadeaux que chacun se fait un devoir d’apporter, et consistant en toute espèce d'objets de toilette ou même d’ustensiles de cuisine, destinés à constituer à la fois et le trousseau et Le ménage de la jeune épouse *. Pendant ce temps la mère et les amies de la jeune fille ont emmené celle-ci, et s'occupent à la revêtir des atours qui ont été préparés, depuis la chemise de fine soie de Seutari, aux larges manches brodées, jusqu'à la yahela de velours surchargée d'or. Au frère de la mariée imcombe le devoir de faire tomber de sa tête la kapa, emblème de virginité, qui couvrait son front de jeune fille, et que le voile sévère de l'épouse va désormais remplacer *.

Cependant la table est ouverte aux svati ; les handjars entament à grands coups les moutons rôtis; le vin, le café et l'eau-de-vie circulent; et tandis que devant la porte de la maison retentissent, dans un cercle de dan-

1 Trois jours après la célébration du mariage, mais pas avant, la mère rend à sa fille sa première visite, et c'est alors qu'elle apporte avec elle le coffre et tous les présents qui y ont été déposés.

2 Pendant trois ou quatre jours cette kapa de la jeune fille devra rester suspendue à un clou dans la maison qu'elle a quittée.