Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

F CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 485

très-vigoureux, reçut les deux délégués de la façon la plus courtoise, leur offrit à boire et à manger et ayant entendu leurs propositions : « Je sais, leur dit-il, que l’on élève des tours de fer autour de Gattaro , ‘et que de nouvelles troupes arrivent encore; mais plus,il viendra de soldats, plus nous en tuerons. Que. m'importe la fin! j'ai déjà un pied dans la tombe, je ne déplore que le sort de mes fils et de mes compagnons destinés à être malheureux.» Pour conclure, Radanovitch dit qu'il s’arrêtait de nouveau aux propositions faites par les insurgés, et qu'il ne fallait pas espérer de traiter sur d’autres bases.

Les efforts persévérants de George Voïnovitj amenèrent enfin le gouvernement à employer auprès de l'insurrection, un intermédiaire mieux capable que tous les autres de mener les choses à bonne fin. Le 3 janvier 1870, une entrevue eut lieu à Knésélats entre le feld-maréchal Gavrilo Roditj et les chefs des Krivosié, auxquels le gouverneur put annoncer une amnistie complète et le dédommagement intégral des pertes qu'ils avaient subies. La paix fut signée à ces conditions, et la Joupa de son côté rentra dans le devoir. Telle fut la fin de l'msurrection. Quelque temps après, la cause des Boccésiens compromis dans ces affaires trouvait un éloquent défenseur dans Stéphan Lioubicha qui, en plein Reichstadt, après avoir montré jusqu’à l'évidence les fautes du gouvernement dans toutes les mesures décrétées, fit apparaître dans un lamentable tableau les conséquences désastreuses de cette guerre aussi acharnée dans ses péripéties que futile dans son prétexte. « Vous avez, dit-il, ravagé et incendié quatorze villages abandonnés et de nombreuses