Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-HUITIÈNE. 495

par Lauriston le titre de patriarche de Dalmatie. Marmont, de son côté, sachant ce qu'il avait à redouter des Monténégrins, tenta d’abord d'obtenir l'alliance du vladika; puis, n'y ayant point réussi, il changea de ton et employa des menaces qui vinrent échouer plus complétement encore devant l'inébranlable fermeté de Pierre. Le prince Eugène, qui conseillait au due de Raguse ces moyens extrêmes, était bien loin de se douter de la résistance dont un si petit peuple était ’apable ; aussi, plus tard, Marmont recut des instructions tout opposées, par lesquelles on l'invitait à se mettre autant que possible en relations amicales avec les Monténégrins. La mémorable entrevue qu’il eut avec le vladika n’eut pour résultat que de lui donner une haute opinion de celui qu'il voulait s'attacher, en lui faisant briser l'alliance qu’il avait contractée avec la Russie ”.

En 1808, Napoléon pressait de nouveau le duc de Raguse d'entrer eu pourparler avec les Monténégrins, et de les gagner à la cause des Français; il proposait même l'envoi d’un consul à Tsettinjé, mais Pierre I, démêlant dans toutes ces avances un piége tendu à la liberté de son pays, prit bien garde de se laisser toucher par les sentiments qu'on lui manifestait.

En observant la neutralité pendant la durée de la guerre d'Orient, Danilo I‘ eut sans doute en vue de payer à la France une dette de reconnaissance, car le gouvernement de Napoléon IL avait vivement appuyé

1 Plus tard Marmont écrivait à son sujet dans ses Mémoires : « Ce vladika, homme superbe, de cinquante ans environ, d’un esprit remarquable, avait beaucoup de noblesse et de dignité dans ses manières. Son autorité positive et légale était peu de chose dans son pays, mais son influence était sans bornes. »