Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-HUITIÈNE. A9T

un pouvoir exempt de toute usurpation; et comme les Pétrovitj, à leur tour, le reçurent tout aussi régulièrement, on doit en conclure que ceux-ci règnent aujourd'hui à Tsettinjé aussi légitimement que le sultan peut le faire à Stamboul'. Du reste, en suivant le Monténégro dans le cours de son histoire, nous avons vu ses princes et ses vladikas exercer la souveraineté sans interruption, sans secousses et sans révolutions, ainsi que cela aurait lieu dans l'État le mieux constitué. Yvan Tsernoiévitj donne à l'évêché de Tsettinjé le titre de métropole de la Zéta et en confie l'administration à Visarion; lui-même reçoit de ses sujets le solennel serment qu'ils soumettront à sa volonté toutes leurs entreprises guerrières contre les Turcs. Quand les Vénitiens, à la mort de Djuratj IV Tsernoiévitj (1497), sont invités par le bey de Scutari à prendre possession de la MontagncNoire, la Sérénissime République fait répondre que les Turcs n’ont jamais possédé aucun droit sur le Monténégro, et qu'en conséquence ils ne peuvent en disposer. En partant pour Venise (1516) Djuratj V Tsernoiévitj transfère en assemblée générale le pouvoir séculier et le gouvernement du Monténégro au métropolitain Vavil, qui inaugure cette longue série des vladikas électifs, à laquelle la famille des Pétrovitj devait donner un si grand éclat. Les nouvelles Vêpres-Siciliennes par lesquelles Daniel 1 délivre complétement son pays de la présence

1 Notons néanmoins celte différence tout en faveur des Monténégrins, c'est que la présence des Turcs en deçà du Bosphore est pour l'Europe une honte quatre fois séculaire, que d'absurdes considérations politiques peuvent seules faire accepter et défendre, tandis que la résisfance acharnée des Serbes de la Montagne-Noire continue les glorieuses traditions de la fin du moyen âge et des siècles qui suivirent, contre les envahissements du Croissant.

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