Le Monténégro

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combats, les sympathies, l'admiration et toutes les espérances de toutes les populations restées chrétiennes dans la Turquie.

Le peuple Monténégrin est devenu pour ainsi dire leur chef moral. C'est là une chose dont peu de gens semblent se douter et cependant cela est. L'influence du Monténégro est réellement très considérable.

Quand on pénètre dans la Principauté, on ne peut se défendre d'une impression saisissante à la vue de cette terre si pittoresque, d'aspect aride, où les convulsions sismiques ont creusé des vallées où croît une végétation chétive, des gorges profondes, d'aspect sauvage, et enfassé des montagnes dont les cimes se couronnent de neiges éternelles. Nul sol n'offre un décor plus tourmenté. On l'a justement comparé à un raste gâteau de cire aux mille alvéoles. Du reste, la légende dit que Dieu, lorsqu'il créa le Monde, disposant les vallées et les montagnes, portait dans un sac les pierres nécessaires à son œuvre. Le sac, usé par un long service, se déchira, et les rochers tombant formèrent ce chaos de pierres qu'est le Monténégro, chaos de roches fapissées de lichens, entrecoupé de forêts magnifiques qui furent mille fois l'inexpugnable retraite de ceux qui luttaient contre des envahisseurs cent fois plus nombreux qu'eux. Les trois crêtes les plus élevées de la