Le Monténégro

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tème l'enfant nouveau-né, on formulait ce souhait, comme une prière :

— Dieu le garde de mourir dans son lit.

Quand une maladie ou une cause quelconque emporte un homme, on ne dit pas: «Il est mort», mais bien «C'est Dieu, le vieux meurtrier, qui l'a tué ». Et cette protestation sombre n'est pas un blasphème dans la bouche de ces croyants, de ces hommes au cœur généreux ; mais leur rêve toujours caressé est de tomber en combattant l'ennemi héréditaire.

À ces hommes vaillants, il fallait de vaillantes épouses ; les Monténégrines sont leurs dignes compagnes. On cite à leur actif de véritables traits d'héroïsme. Toutes, habituées de bonne heure aux plus durs labeurs, leur beauté n’est pas de longue durée ; mais quel admirable cou rage, malgré l'inégalité des sexes qui fait qu'on les relègue encore à unrang inférieur ! Pendant les longues et sanglantes guerres, tandis que les unes prenaient soin de la culture,les autres Suivaient les guerriers, portant les vivres et les munitions. On en vit même au premier rang des combattants, aussiacharnées, aussi adroites dans le maniement des armes, que leurs frères ou leurs époux. Elles sont très respectées ct, en dépit de la sorte d'infériorité dans laquelle elles se trouvent placées dans l'ordre social, elles jouissent d'un respect unanime et, en