Le mouvement des idées : sur une histoire de la Révolution

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vitable, fatal, et la faute en incombe aux égorgés. En

révanche, les chefs ou les politiciens se trompent sou-

vent, surtout quand ils s’approprient les moyens qui

réussissent à l'émeute. Je ne puis m'empêcher de

cueillir au passage ce curieux jugement sur la fameuse loi de Prairial :

... Décréter cette loi c'était signer la banqueroute du gouveérnement révolutionnaire. C'était faire, avec des apparences de légalité, ce que le peuple de Paris avait fait révolutionnairement, franchement, dans un moment de panique et de désespoir, pendant les journées de septembre. Et l'effet de cette loi du 22 prairial fut tel qu’en six semaines elle fit müûrir la contre-révolution. (P. 716).

Toute la philosophie de M. Kropotkine se trouve dans ces quelques lignes. On remarquera qu’elle renferme une part de vérité : les crimes rendus légaux par quelques artifices de la politique sont mille fois pires que les autres et finissent par révolter les consciences les plus endormies. Mais on objectera qu’il ne suffit pourtant pas qu’ils s’accomplissent en dehors de la loi pouf devenir excusablés!

S1 les jugements de M. Kropotkine sur les événenements surprennent souvent, ceux qu'il porte sur les hommes étonneront davantage encore. Il n’a guère que du mépris pour beaucoup dont l’attitude chevaleresque et la mort généreuse nous avaient inspiré une certaine sympathie, comme les Girondins ; tandis que ses héros de prédilection sont précisément ceux qué nous sommes accoutumés à considérer comme de simples

énergumènes. Tel entre autres Marat, dont ilnous faut.

reprendre le portrait, vraiment inattendu (p. 505-507 et 579-81) :

Tous tant que nous sommes, nous le jugeons sur sa | . . . É réputation; mais, si elle n’est pas bonne, c'est parce