Le système continental et la Suisse 1803-1813
ensuite leur chemin vers l'Espagne, le Portugal et jusqu’en Orient. D’antre part, elles atteignirent les pays allemands et scandinaves !. Quant aux produits de l’industrie genevoise, ils s’écoulaient en quantités considérables sur ces mêmes marchés, mais avec une préférence marquée pour le Nord, la Russie et la Pologne, par l'intermédiaire de Leipzig?.
Les Genevois avaient atteint un haut degré de perfection dans limitation des articles d’horlogerie anglais et leur faisaient une concurrence sérieuse. Dans la dernière décade du dix-huitième siècle, ils avaient traversé une période de ralentissement qui avait sensiblement réduit le nombre de leurs ouvriers. Néanmoins, en 1800, la production annuelle s'élevait encore au chiffre respectable de 50000 montres et on comptait à la même époque plus de 3000 horlogers travaillant à domicile ou dans les différentes fabriques de la ville 3.
Quant à la bijouterie genevoise, tout compte fait, c’est dans de bonnes conditions qu’elle aborda la période de la Médiation. Elle produisait essentiellement les cadrans émaillés, les boîtes gravées et ornées de joaillerie et les bijoux mécaniques #. Si la mode des pièces émaillées avait cessé de régner en France à partir de 1770, elle subsistait dans les autres parties de l’Europe, notamment en Allemagne, et procurait une très nombreuse clientèle aux bijoutiers genevois. Les
4 Bachelin, p. 32, 155; — Wartmann-Seippel, p. 89.
2 Les Genevois faisaient leurs premières ventes à Leipzig et à Francfort; le reste s’écoulait ensuite dans les villes hanséatiques.
Arch. Genève, Industrie, 500.
3 Les six plus grandes maisons occupaient ensemble 200 ouvriers; les montres produites se répartissaient en 6000 montres à répétition, 12 000 montres incrustées en or, 31 500 en argent, 500 en simili or.
Arch. Genève, Industrie, 499, 1, Etat des fabriques du département du Léman.
4 Les horlogers de Sainte-Croix et de la Vallée de Joux travaillèrent de bonne heure à fournir à la bijouterie genevoise des cadrans et des mouvements bruts. L’émaillerie et la décoration à la gravure furent aussi pratiquées à Neuchâtel, mais en faibles proportions,
Etrennes de Genève, 1817, p. 136 ; — Bachelin, p. 122.