Le système continental et la Suisse 1803-1813
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quaient la finesse du grain, l’élasticité et l'égalité. Jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, toutes les expériences tentées sur le continent avaient échoué. Sous l’Empire, la difficulté de se procurer l’acier anglais provoqua de nouvelles recherches. C’est à un Suisse, le Schaffhousois J.-C. Fischer, qu’on dut la solution du problème.
J. Conrad Fischer, né le 22 septembre 1776 à Schaffhouse, appartenait à une famille de fondeurs qui lui fit donner une bonne éducation. Jeune homme, il voyagea. En Angleterre, il entra en rapports avec quelques savants célèbres, entre autres Faraday et Benjamin Huntsman de Sheffield, l’inventeur de l’acier fondu au creuset. De retour au pays, il reprit la fonderie de cloches que lui avait transmise son père; en même temps, dans sa fabrique de Mubhlethal près Schaïffhouse, fondée en 1804, il commença la série de ses expériences de métallurgie.
Grâce à ses connaissances pratiques et théoriques, il surmonta tous les obstacles. Après quatre ans de travail, il fondit dans des creusets de son invention, un acier qui, de l’avis de ses contemporains, égalait en perfection les meilleurs produits anglais. Poursuivant ses recherches, il découvrit peu après une nouvelle variété d’acier nickelé qu’il nomma « l’acier météore», d’après une combinaison de différents métaux existant dans les météores, et qui avait toutes les qualités du véritable acier de Damas. Ce métal trouva promptement son application dans la fabrication des armes tranchantes, des cachets et particulièrement des rasoirs, que les Anglais avaient seuls confectionné jusqu'alors.
Ces découvertes successives eurent en Europe un grand retentissement. À Paris, à la « Société d'encouragement pour l’industrie nationale », elles furent l’objet de rapports flatteurs, sur quoi le ministre de l’intérieur fit demander à Fischer de poursuivre ses expériences en France. En 1814, l'empereur Alexandre de Russie, traversant la Suisse avec les armées alliées, honora de sa visite la petite fabrique de