Le système continental et la Suisse 1803-1813
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Il est naturel que les décrets impériaux dirigés contre l’exportation des matières premières italiennes aient fait germer de nouveau l’idée d’acclimater en Suisse le ver à soie. La question ne fut d’ailleurs poussée sérieusement qu'à Neuchâtel et à Zurich. À Neuchâtel, la société du jeudi fit venir des graines de mäûrier qu’elle répartit entre l'Etat, les communes et les particuliers !. À Zurich, on se flatta pendant quelque temps de restaurer cette culture avec succès et en grand. La localité de Wædenswyl, sur la rive gauche du lac, avait déjà vu au dix-huitième siècle les premiers essais pratiques d’un marchand zuricois, Pestalozzi. Un groupe local reprit en 1806 son héritage et établit des plantations de mûrier. Le pasteur Bruch, de Wædenswyl, se montra particulièrement actif et se fit le porte-parole de ses concitoyens auprès du gouvernement en faveur de cette entreprise. La chose parut intéressante au Directoire commercial qui envoya à Wædenswyl un de ses membres, Sulzer. Dans son rapport, celui-ci témoigna de l'excellente qualité de la soie zuricoise, tout en déclarant qu’on n’arriverait jamais à la produire en quantité suffisante? ; il concluait que le peuple ferait mieux de chercher à produire le lin et le chanvre dont le rendement lui paraissait plus rémunérateur.
On a vu que la culture du lin pratiquée autrefois sur plusieurs points du plateau suisse, notamment à Zurich, avait été complétement délaissée à la fin du dix-huitième siècle, à la suite des fortes importations de matières textiles d'Alsace et de Belgique; elle n’était plus guère soutenue rationnellement qu’en Thurgovie et dans quelques districts bernois #.
1 Petitpierre, p. 178.
2 Arch. Zurich, Oek. Prot. XVII, 133, juillet 1808; X, 141, 23 décembre 1809 ; — Meyer de Knonau, I, p. 311.
3 En Thurgovie, dont le sol se prêtait excellemment à cette culture, on prêtait le plus grand soin à la production du lin et du chanvre. Dans la Haute-Thurgovie, on faisait annuellement trois récoltes dont la seconde était la plus appréciée. Dans la Basse-Thurgovie, on cultivait plus spécia-
lement le chanvre. Helv. Alm., 1803, p. 70; 18114, p. 70.