Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 105
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 93
tiques étaient acquises d'avance au nouveau théâtre.
L'Intrigue épistolaire (1), malgré son style dur et incorrect, réussit, grâce au comique irrésistible de Dugazon. Le rôle de Cléri, amant de Pauline, premier amoureux jeune, — chose à noter, — était rempli par Talma, qui ne dédaignait pas, on le voit, malgré sa position éminente à ce théâtre, d'abandonner parfois ses puissantes créations tragiques, pour des rôles même secondaires de comédie.
C’est ainsi, que dans une autre comédie de Fabre d'Eglantine, en cinq actes et en vers : l'Héritière ou la Ville et les champs, jouée le 11 novembre suivant, il remplissait encore le rôle d’un marquis, avec une remarquable verve comique.
La réforme du costume, qu’il avait commencée à la Comédie-Française, fut poursuivie par lui, on le comprend, avec plus d'autorité et de succès, sur une scène où il occupait le premier rang. Aussi, lors de la représentation de Brutus, à l'anniversaire de la mort de Voltaire, Talma et Monvel offrirent une vérité absolue dans leurs costumes antiques; Talma avait même fait tailler ses cheveux exactement sur le modèle d’un buste romain, et, quand ilse présenta ainsi sur la scène, le public, déjà converti à ses idées de réforme, le couvrit d'applaudissements. Quelques jours après, tous les jeunes gens de Paris avaient les cheveux coupés courts. C’est de cette soirée que date la coiffure à la Titus.
Le nouveau théâtre possédait, d’ailleurs, un peintre-acteur nommé Bouchez, dont les études spéciales rendaient de signalés services pour ces détails de mise en scène, alors que la Comédie-Française avait encore de la peine à sortir de la vieille ornière et
(1) Cette comédie fut publiée avec l'épigraphe suivante: Ne crede puellis.