Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 113
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 101
s'était empressé d’abaisser Le prix des balcons à 6 livres et celui des logessur le théâtre à 4 livres10 sols.
Vint ensuite, le 7 février 1792, à ce théâtre, une pièce d’une nuance plus accentuée que Charles IX, qui, suivant la progression constante des idées, proclamait les maximes les plus républicaines, c'était Caïus Gracchus, par Chénier (1). Cette tragédie abondait en allusions relevées avec empressement par les spectateurs. Ainsi, au moment où Monvel, remplissant le rôle de Gracchus, vint à prononcer, avec une sombre énergie, ce vers :
--... Autour de nous veille la tyrannie!
« Oui! oui! s’écria-t-on de toutes les coins de la salle: Aux Tuileries! »
Quel chemin parcouru, quelle évolution rapidement accomplie depuis la représentation de Brutus/
C’est aussi dans cette pièce qu'Opimius, à la vue de Caïus Gracchus se frappant d’un coup mortel, s'écrie :
Il meurt, mais il triomphe, et je sens le remord..…. Qu'un homme libre est grand au moment de sa mort!
Tandis que ce drame ardent remuait et passionait les masses à la rue Richelieu, au théâtre du faubourg Saint-Germain, on jouait Le Vieux Célibataire, cette comédie de la vie privée, une étude de mœurs absolument étrangère aux agitations, aux idées dominantes du moment. Contraste frappant entre les deux affiches rivales!
À la comédie de Collin d'Harleville, succédait, dix jours après, le 6 mars, une tragédie en trois actes : La Mort d’Abel, première œuvre dramatique d’un jeune
(1) A l'une des représentations suivantes, vers la fin de février, un citoyen fit la motion que le drapeau national füt arboré dans tous les spectacles, et que celui de la rue Richelieu en donnât l'exemple, ce qui fut exécuté séance tenant