Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 116

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104 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

fanatisme doit tendre de nouveaux pièges à l'ignorance. Il serait bien à désirer que Rome, tout entière dans la sacristie, s'aperçüt à la fin du carême qu’elle n'a plus de privilèges; et rien ne lui prouvera mieux les progrès de la raison que l'indépendance des théâtres, qui, pendant le temps que les chrétiens assisteront à ténèbres, représenteront pour les amis de la Constitution, la Mort de César.

€ P. Maxuez (1). »

C'est ainsi que les représentations théâtrales ne furent point interrompues, pour la première fois, en 1792.

À la date du 4 mai suivant, on représentait au théâtre de la Nation une tragédie en cinq actes d’Arnault : Lucrèce ou Rome libre.

Le cours des représentations de cette tragédie fut interrompu, en août suivant, par la révolution qui se produisit, à la date du 10 août, et fit éclater un cataclysme politique que l’auteur semblait, précisément, avoir prédit dans le passage suivant :

(TARQUIN, 4 Sextus.)

Aux plus affreux revers plus d’un monarque en butte, Par trop de confiance a préparé sa chute... Contemplez Servius, voyez dans quels abimes L'avait jeté l'oubli de ces sages maximes : Tous les rangs confondus, tout ordre interverti, Avec la royauté, l'Etat anéanti. On l'avait avilie, afin de la détruire, Il mourut...

(Acte Tr, scène IT.)

Le 5 mai, Baptiste Cadet, après avoir fait courir tout Paris au théâtre Montansier, dans la comédie

(1) Journal de Paris, du 28 mars 1792.