Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 117
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 105
de Desforges, Le Sourd ou l'Auberge pleine (1), débutait, au théâtre de la rue Richelieu, dans une pièce de Fabre d'Églantine, L'Amour et l'intérêt. Il apporta, avec lui, dans ce nouveau théâtre, le même succès de haute bouffonnerie.
On! fit, le 9 mai, une reprise de Virginie, tragédie de La Harpe, dont la première représentation au Théâtre-Français remontait au 11 juillet 1786. Dans une assez longue lettre publiée, à la date du 5 mai 1792, La Harpe crut devoir « rendre publics quelques éclaircissements relatifs à sa tragédie de Virginie, devant être représentée au théâtre de la rue Richelieu » et expliquer pourquoi elle avait été jouée, sans nom d'auteur, en juillet 1786, au Théâtre-Français. Il déclare, aussi, qu’il n’y a fait aucun changement, et ajoute toutefois : « seulement j'ai profité de notre heureuse liberté, pour renforcer une scène capitale entre Appius et Julius, par le développement du grand principe de la souveraineté du peuple, principe qui heureusement encore tient à mon sujet, mais qui sûrement n'aurait pas convenu à l’ancien régime... »
Monvel et Talma y furent applaudis et rappelés, ainsi que l’auteur lui-même. Dans cette pièce, qui présente certaines scènes traitées avec vigueur, mais où domine une rhétorique emphatique, le dénouement mérite d’être cité :
VIRGINIUS, à sa fille qu'entrainent les licteurs.
Recois de mon amour la marque la plus chère, Meurs vertueuse et libre de la main d'un pére. Meurs!... (1 la frappe de son poignard.)
VIRGINIE. J'expire!
(1) Cette pièce fut depuis transformée en opéra-comique, qui se joue encore constamment sur les scènes de province. La musique est d'Ad. Adam. Il a été repris en jauvier 1893 à l’Opéra-Comique.