Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 120

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108 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

forces la ci-devant Comédie-Française, étaient parfois, pour elle, des amis bien compromettants!

Là, des applaudissements royalistes répondaient aux acclamations démocratiques de l’autre salle. Ainsi, dans les tragédies de l’ancien répertoire, on saisissait avec empressement et transport tous les passages proclamant des principes en faveur de la royauté. Dans la Didon de Lefranc de Pompignan, par exemple, les vers suivants étaient couverts de bravos frénétiques :

Du peuple et du soldat la reine est adorée! Tout peuple est redoutable et tout soldat heureux, Quand il aime ses rois, en combattant pour eux.

Cet autre vers était l’objet des mêmes acclamations :

Les rois, comme les dieux, sont au-dessus des lois.

Au moment oùla guerre venait d’éclater, n’y eut-il pas des spectateurs assez aveuglés par la passion politique pour accueillir, avec les transports d’une joie impie, l’hémistiche suivant ?

sels .. Si l'étranger l’emporte.....

Ces sentiments ultra-monarchiques en provoquaient naturellement d’autres, non moins excessifs, dans le sens opposé, et qui résonnaient aussi bruyamment à la rue Richelieu.

La Partie de Chasse de Henri IV fut maintenue, le plus longtemps possible, au répertoire du théâtre de la Nation, car on la voit encore représentée, le 31 mars 1792, avec Médée. Au même moment, on jouait au théâtre de la rue Richelieu: La Mort de César, la Coupe enchantée et le Dédit, comédie de Dufresny. |