Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 132
120 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION
Le besoin de sentir en secret vous excite :
La curiosité l’aiguillonne et l'irrite;
Et votre cœur saisit avec avidité
Tout ce qui peut s'offrir à son activité :
Le plaisir, la terreur, la pitié, les alarmes, Ouvrent également la source de vos larmes: Tout ce qui vous émeut est pour vous un plaisir; Vous aimez mieux soulfrir que de ne rien sentir. Tel est votre penchant! dirigezle, mesdames; D'amour, de bienfaisance, alimentez vos âmes : Vous serez notre exemple, et bientôt nous viendrons De la vertu chez vous recevoir les leçons...
A la fin de la pièce, M" de Saint-Clair s'adressant à Lisidor, son amant, auquel elle accorde sa main :
D'un œil moins prévenu considérez les femmes : À travers leurs défauts pénétrez dans leurs âmes. C'est là qu'est leur beauté, là brillent des attraits Dont le solide éclat ne s’efface jamais. La, sitôt que les fleurs de l'amour sont écloses, Les fruits de l'amitié se cachent sous les roses : Le temss fane les fleurs; mais il mürit les fruits, Et la sagesse alors les offre à nos amis, Daignez lés accepter. . . . . . . : . . :
L'œuvre entière de Demoustier donne une idée assez exacte de cette psychologie raffinée qui caractérisait le xvirs siècle, surtout dans sa seconde partie; on y trouve, aussi, un point de comparaison intéressant avec la p-ychologie transformée, modernisée, tenant une place si prépondérante dans la littérature de la fin du x1ix° siècle.
Dans l’autre comédie, Le Conciliateur ou l’homme aimable (1), on lit :
(1) Le Conciliateur ou l’homme aimable, comédie en 5 actes et en vers, par C.-A. Demoustier — Prix 40 sols — à Paris,