Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 134

122 Le THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION:

chargés de les interpréter. C’est une lettre de M'e Louise Contat, la même qui avait lancé à Talma ce Sarcasine que nous avons rapporté plus haut, lors de ses premières tentatives de rélorme du costume tragique. Cette lettre, adressée au semainier, contient le passage suivant : « C’est une dérision que de meitre Les Femmes toutes les fois que Je joue, ou qu'on me propose de Jouer, je ne puis consentir à cette fastidieuse répétition. »

Enalin, le théâtre de la Nation ajoutait à son répertoire, en juin 1793, Les fausses Confidences de Marivaux, données en 1773 au Théâtre-Italien.

Mais n'était-ce pas un étrange et saisissant contraste, une impressionnante antithè-e que ces pastorales, ces marivaudages «ans ce milieu de fureurs et d’excès révolutionnaires? que ces dissertations sentimentales, quintessenciées, ces tableaux d'une grâce manierée et ces scènes idylliques, à côté de la guillotine en permanence ?

Ce n’est pas, du reste, le seul exemple de cette tendance que semble avoir la poësie pastorale à fleurir de préférence aux époques de troubles et de guerre civile. Dins l'antiquité, n'est-ce pas au moment des proscriptions terribles et implacables du Triumvirat romain, que Virgile apprenait aux forêts à redire le nom de la belle Amaryllis?

L’Astrée, ce type du roman pastoral, galant et sentimental à l'excès, fut composé, par Honoré d'Urfé, pendant les troub'es et les luttes de la Ligue,

C'est également en 1793, en pleine Terreur, que Florian lança le volume de fables qui lui valut la qualification de seconi fabuliste français. Ce recueil de vers gracieux, avec sa morale douce, aimable et parfois maliticuse, d’après l'abbé Morellet, « fit l'effet d'un agneau égaré loin de sa bergerie, et tombé au milieu des loups ».

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