Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 141

LA TERREUR 129

Tout est commun; le vol n’est plus vol, c'est justice. J'abolis la vertu pour mieux tuer le vice.

Ces idées absolument subversives de l’ordre social établi, visées par Laya, n'étaient, au surplus, que les prolégomènes, les précurseurs de celles qui, cinquante ans plus tard, éclatèrent dans tout leur épanouissement, dans toute leur force, à la suite de la Révolution de 1848, et la proclamation de la seconde République; cette Révolution qui, au dire de plusieurs écrivains, fut une véritable surprise, surtout pour ceux qui gouvernaient et pour ceux qui formaient ce qu’on appelait, alors, le pays légal, le pays censitaire.

« Son véritable caractère, écrit Odilon Barot dans ses Mémoires, a été celui de Révolution sociale, c’est-à-dire de destruction et de rénovation de la société entière. En réalité elle s'est montrée plus raisonneuse, plus théorique qu'agissante et pratique; son résultat le plus net a été de mettre à nu tous les fondements de la société. »

Aussi, notre génération a-telle assurément conservé le souvenir des théories multiples, audacieuses, désordonnées, insensées, surgissant en quelque sorte chaque jour dans la presse et dans des publications diverses, touchant à tout, mettant tout en question, atteignant même l’anarchisme le plus accentué; notamment des étranges doctrines sur l’égaiité absolue des conditions, la gratuité du crédit, l’organisation du travail, qu'on appelait aussi le droit au travail.

Mais ce qui impressionnait le plus vivement les esprits et retentissait, menaçant, terrible et sombre, comme un glas funèbre, aux oreilles des propriétaires, et comme un cri de joie et d'espérance à celles des prolétaires besogneux, c'était cet axiome exorbitant et fameux du philosophe socialiste et économiste

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