Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
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394 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION
s'empare de sa mâchoire et y instrumente malgré ses protestations énergiques. Ë
Toute une légion de couturières impose à M EveBonichon un tribut forcé de vingt-cinq robes. Mais, devant cette exigence, qui semble n'avoir rien de désagréable pour elle, l'attitude de M"° Bonichon est tout autre que celle de son mari, et, c'est avec une résignation plutôt empreinte d’un bon vouloir et d’une satisfaction manifestes, qu’elle subit l'exercice de la loi nouvelle.
Enfin, à son grand désespoir, Bonichon surprend le terrible serpent, devenu ministre de l'Intérieur et fabricant de corsets, qui, invoquant aussi le droit au travail, se livre à un examen approfondi des contours et de la taille de M"° Bonichon, pour lui prendre la mesure d’un corset démocratique et social.
À un autre tableau, plus avant encore dans l'avenir, en 1853, on voit se produire l'abolition complète de la propriété, et apparaître la bourse d'échange, où l’odieux capital, le vil métal, le numéraire enfin sont remplacés par la marchandise qui a cours forcé.
Les tribulations les plus burlesques continuent naturellement à pleuvoir sur le malheureux Bonichon; d'échange en échange, il est enfin parvenu à se procurer un pâté pour diner; au moment où il se dispose à le manger, survient le serpent, qui, en échange du comestible, lui présente uue vieille casquette. Cette fois-ci révolte de Bonichon, qui refuse avec colère cet objet dérisoire d'échange et ose proclamer énergiquement qu’il est propriétaire du pâté et qu’il ne le cédera pas. Cette déclaration est aussitôt suivie de son arrestation, de son incarcération et de sa comparution devant un tribunal.
Dans l’accusateur public il reconnaît son ennemi acharné, l’affreux serpent, qui prononce contre lui un réquisitoire foudroyant: « Il a osé s'affirmer pro-