Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits
16 LEPELETIER DE SAINT-FANGEAU
Je laisse ici parler le procès-verbal dont l'original vient d'être retrouvé :
Cejourd'huy vingt neuf janvier mil sept cent quatre vingt treize, l'an deuxième de la République française, vers les neuf heures du matin
En l'assemblée permanente où étaient les citoyens maire, officiers municipaux, membres du Conseil général soussignés
D'après l'avertissement qui nous a été donné par le citoyen Ricard l’un de nous officier qu'il venait d’être averty qu’il y avait un homme logé chez la veuve Legendre audit lieu de Forges qui avait l’air très suspect; en conséquence nous avons ordonné qu'il serait donné ordre à la gendarmerie nationale de se transporter à ladite auberge à l’enseigne du grand cerf aux fins d'interroger ce prévenu et de l’amener devant nous s’il ya lieu’. De quoi ils ont été requis à l'instant par ledit citoyen Ricard qui s’est transporté avec eux à la ditte auberge ou étant arrivés et après avoir interpellé la ditte veuve Legendre de leur faire voir les étrangers qui étaient logés chez elle, à quoi elle a obéi en conduisant les trois gendarmes dans une chambre où ils ont trouvé un homme couché dans son lit, à qui ils ont demandé d’où il venait, a répondu qu'il venait de Dieppe pour aller à Paris; interrogé s’il avait un passeport a répondu que non et s’il avait un congé a répondu qu'il n'avait jamais servi; sur quoy ils y ont ordonné de se lever pour venir au bureau municipal; a répondu qu'il allait le faire et au même instant s’est retourné du côté de la ruelle en faisant signe de se lever où il s’est saisi d’un pistolet avec il s’est brulé la cervelle en se mettant le bout du canon dans sa bouche, ce qui a causé un grand bruit. Ce qui a forcé ledit Ricard de crier force à la loy, croyant qu’il avait fait feu sur les gendarmes, sappercevant au même instant que s'était sur lui-même en voyant couler le sang de toute part, ce qui a forcé led. Ricard de se rendre au bureau municipal pour nous faire son rapport sur l'homicide qu'il venait de voir. Sur quoi nous avons arreté que le citoyen Lehalleur juge de paix du canton de Forges serait requis de se transporter en notre chambre commune ou il est arrivé sur les dix heures assisté de son greffier, d’où il s’est transporté accompagné de nous maire, officiers municipaux et du procureur de la commune qui a arrivé à l'instant que nous rédigions le présent; au lieu ou était l’homicidé ou nous avons trouvé un cadavre
son rapport à la Convention. Pâris n'ayant pas été pris vivant, Auguste ne reçut, pour sa dénoncialion, qu'une somme de 1200 livres.
! Gette auberge était située à l'angle de la place du Marché et de la route nationale qui porte aujourd’hui le n° 15. Une partie de la maison qui faisait saillie sur la route a été démolie et reconstruite dans l'alignement; un grainetier l’occupe aujourd'hui. C'est là qu'a été découvert Pâris. La partie postérieure de la maison existe encore telle qu'elle était en 1795. Sur le plan joint au Nouveau Traité des eaux minérales de Forges, par Linand (Paris, 1697, in-8°), cette maison porte le nom de « cabaret du bourg, » et est marquée par la lettre F. La facilité avec laquelle s’effacent, chez nous, les souvenirs, m'engage à noter ces renseignements que je tiens de M. Lefèvre et que peu de personnes, à Forges même, possèdent aujourd’hui.