Les aspirations nationales de la Serbie

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sation et de l’humanité. Et nous savons que tous les Serbes, tous les Croates et tous les Slovènes le veulent. Si, toutefois il y avait sur ce point le moindre doute, nous demandons la possibilité pour les populations de notre race, ainsi que pour leurs concitoyens d’une autre origine, d'exprimer à cet égard leur volonté. Ici encore, nous ne croyons pas émettre des prétentions exagérées. Si les Alliés assurent aux Danois du Slesvig le droit de se prononcer librement sur leur sort — et nous sommes les premiers à les en féliciter — nous ne pourrions pas comprendre pourquoi ils refuseraient le même droit aux Yougoslaves qui ont combattu à leurs côtés et coopéré à la victoire commune.

Nous réclamons une rectification de notre frontière avec la Bulgarie. Elle s'impose autant du point de vue ethnique et politique qu’au point de vue stratégique. Pour des motifs qu'il serait loisible de discuter actuellement, la Russie a énergiquement favorisé les Bulgares au détriment des Serbes, en 1878. Aux lèvres de Bismarck vint alors la fameuse boutade : « La paix du monde dépend-elle donc des frontières serbes? » Il ne se rendait pas compte, en effet, combien, à la paix du monde, il importait que ces frontières fussent aussi justes que possible, puisqu’elles n’ont pas cessé d'être une cause de friction et de conflits entre les deux peuples. Le Congrès de Berlin n’a pas voulu tenir compte des 16.000 signatures de ceux qui demandaient, se sentant serbes, l’union à la Serbie. D'autre part, on sait les ambitions impérialistes des Bulgares ainsi que la versatilité de leur politique. Depuis leur affranchissement par les armes étrangères (russes, serbes et roumaines), les Bulgares ont suivi successivement la politique russe, anglaise, turque, balkanique, pour se lier définitivement avec les Empires Centraux, contre leurs bienfaiteurs et leurs meilleurs amis de la veille. Il est à espérer, pour l’honneur du genre humain, que la félonie bulgare puisse rester sans exemple. Maïs il serait, d’autre part, monstrueux pour elle de sortir de cette guerre sans avoir subi les conséquences de sa trahi-