Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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436 LES CAHIERS DES CURÉS

Toute justice nationale est-elle donc refusée au prêtre opprimé ? Il est de fait (1) qu'en vain, jusqu'à l’époque la plus récente, les victimes de la toute puissance épiscopale réelamaient soit au ministère des cultes, soit au Conseil d'État. I n'y avait ni règles administratives, ni traditions légales, permettant au gouvernement de protéger les défenseurs de l’Église nationale contre « l’hérésie de linfaillibilité et l’idolâtrie jésuitique. » On les a tant éconduits, ces pauvres desservants gallicans et démocrates, — nous écrit l’un d'eux, — qu'il ne parait plus y en avoir, et que le clergé français des paroisses, — de tout temps hostile au clergé étranger des congrégations, — a dû rester muet et immobile quand le gouvernement de la troisième République s’est décidé à « rappeler aux Lois » les jésuites, ses ennemis, et à sévir contre le monachisme conspirant la restauration de la monarchie.

Nous voyons aujourd’hui mieux que jamais combien le cardinal de Bonnechose, archevêque de Rouen, avait raison de dire au Sénat de 1865 (11 mars) : « Mon clergé est un régiment; il doit marcher, et il marche! »

La constitution civile avait rendu aux curés leurs droits canoniques. Les deux Empires, — le premier en faisant le Concordat, le second en le laissant violer dans ce qu'il avait de restrictif pour l'autorité pontificale et de négatif pour la concurrence congréganiste, —ont replongé les curés dans la servitude contre laquelle ils s'étaient « insurgés » en 1789.

Dans leurs cahiers ils s'étaient plaints de l’envahissement des paroisses par le clergé non paroissial. Ils avaient réclamé la fermeture des chapelles privées et monastiques,

rieuse brochure, où est posée la question : Pourquoi le clergé français est ultramontain ? in-8°, Dentu, 1879,

(1) Fait que de nombreuses lettres d'ecclésiastiques persécutes nous ont confirmé par les preuves les plus récentes.