Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 45

avoir auparavant exercé le ministère ecclésiastique d'une manière quelconque. Il fallait vingt-cinq ans pour êt’e abbé ou prieur d’une abbaye régulière, ou « curé primilif » et « gros décimateur », c’est-à-dire percevant le revenu des biens-fonds et presque toutela dime de la cure, moyennant au plus la très simple obligation d'aller toucher les offrandes des fidèles et officier les jours de grande fête.

On pouvait être abbé commendataire, n'exerçant rien, mais percevant tout, dès l’âge de vingt-cinq ans.On pouvait ètre promu au canonical d’une cathédrale à quatorze ans ; d'une collégiale, à dix ans. Dès sept ans, grâce à un oncle puissant ou grâce à une jolie mère, on pouvait devenir titulaire d’une chapellenie (1) !

Pour les abbayes en commende (598 d'hommes et 252 de femmes), dont les abbés titulaires étaient prélats sans porter la croix pastorale, if fallait se faire ordonner prêtre dans les deux années suivant la nomination. Mais il n'était pas nécessaire de se faire recevoir dans les ordres pour jouir des bénéfices simples sans charges d'âmes, tels que les 12,000 prieurés, les 2,800 canonicats d'église cathédrale, les 5,600 canonicats d'église collégiale. Ce n'étaient que 20,009 fortunes viagères, distribuées, au nom du roi, par l’archevèque « ministre de la feuille, » aux gentilshommes bien protégés (2).

La noblesse accaparait au moins la moitié de biens de l'Eglise, détournés de tout emploi réellement religieux ou charitable. Elle occupait la totalité des archeyèchés et tous les évêchés, sauf cinq. A elle, non par faveur pure, mais par institution sur Litres, appartenaient 19 chapitres nobles d'hommes et 25 chapitres nobles de femmes, plus de 260 commanderies de Malte représentant à elles seules 1,650,000

(1) P. Boiteau, p. 185-186. (2) lbid., p.176-179.