Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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livres de rent»s, sur des biens jadis affectés à la libération de la Terre Sainte !

Parmi les abbayes de femmes, celles rapportant 20,000 livres et plus avaient toutes pour abbesses des demoiselles nobles. 83 abbayes d'hommes possédaient pour abbés titulaires des aumôniers, chapelains, précepteurs, lecteurs du roi, de la reine, des princes et princesses. L'un d'eux, l'abbé de Vermond, tirait de ses bénéfices un supplément d’appointements de 80,000 livres de rentes !

Bref, au moment où va finir la monarchie, selon la décision secrètement prise de réserver à la noblesse « tous les biens ecclésiastiques, depuis le modeste prieuré jusqu'aux plus riches abbayes », les sinécures ecclésiastiques à nomination royale sont, dit M. Taine (1), « une monnaie à l'usage des grands, soit qu'il la versent en pluie d’or pour récompenser l’assiduité de leurs familiers et de leurs gens, soit qu'ils la gardent en larges réservoirs pour soutenir la dignité de leur rang ».

XIL. LA SCANDALEUSE OPULENCE DE L'ARISTOCRATIE CLÉRICALE.

Personne n'a plus révolulionnairement que l'anti-révolutionnaire M. Taine fait ressortir la violation effrontée des canons de l'Eglise commise par le haut clergé d'avant 1789 et le contraste exaspérant de son opulence scandaleuse avec la misère du peuple.

Lisez le terrible chapitre où se trouve présenté, de main de maitre, l'état des campagnes à la fin de l'ancien régime (2)!

(1) L'Ancien régime, 82-83. (2) Ibid. p. 427-441,