Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
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avait été longtemps permis d'enlever, de baptiser de force et de catéchiser dans les couvents.
Néanmoins, cette très incomplète réparation du plus violent des attentats à la conscience humaine commis par la monarchie et par l'Eglise n'avait été enregistrée au Parlement, le 29 janvier 1788, qu'en vertu de la toute-puissance royale et malgré les plus bruyantes récriminations. Au mois de mai suivant, l’Assemblée générale du haut clergé rappelait le serment du sacre — d’exterminer les hérétiques ; — elle réclamait de Louis XVI l'achèvement de « l'ouvrage que Louis-le-Grand avait entrepris, que Louis-le-Bien-aimé ayait continué; » elle exigeait, au nom de Dieu même, le rétablissement de l'unité du culte.
« Une seule foi, une seule loi, un seul roi: » cette maxime de l’absolutisme résumait toujours la constitution nationale selon la Politique tirée de l'Ecriture sainte par Bossuet,
Il n’y avait de droits, en France, que pour le roi, maitre de tout, au service del’Eglise. La théocratiemonarchique, chaque fois qu'elle avait occasion de se formuler, se roidissait d'autant plus que l'opinion publique grandissait contre elle, réclamant une réforme générale de la société religieuse et civile (1).
Le clergé était le premier Ordre de l'Etat. Partagcant toutes les faveurs royales et tous Les priviléges sociaux avec la noblesse, directeur exclusif de la religion, de l'instruction et de la charité publiques, seul, il avait gardé le droit de s’assembler, de s’'administrer (presque librement) et de ne participer au paiement des impôts (dans une très-minime mesure) que de son consentement, réiléré tous Les cinq ans, et sous la forme de don gratuit.
(1) V. l'Eglise et la Révolution française, par E. de Pressensé, Introduction.