Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 63

« Je plains encore davantage le curé à portion congrue, à qui des moines nommés gros décimateurs osent donner un salaire de quarante ducats pour aller faire, pendant toute l'année, à deux ou trois milles de sa maison, le jour, la nuit, au soleil, à la pluie, dans les neiges, au milieu des glaces, les fonctions les plus désagréables, en somme les plus inutiles. Cependant l'abbé, gros décimateur, boit.son vin de Volnay, de Beaune, de Chambertin, de Sille PY, mange des perdrix et des faisans, dort sur le duvet avec sa voisine et fait bâtir un palais. La disproportion est trop grande.

« Dans un pays chrétien de douze cents lieues carrées, dans tout le Nord, dans la moitié de l'Allemagne, dans la Hollande, dans la Suisse, on paye le clergé de l'argent du Trésor. Les tribunaux n'y retentissent point de procès entre les seigneurs et les curés, entre le gros et le petit décimateur, entre le pasteur demandeur et l’ouaille intimidée, en conséquence du troisième concile de Latran, dont l'ouaille n’a jamais entendu parler. »

Les curés avaient le choix entre la « portion congrue, » qui était une somme fixe d'argent, et le produit RE de la dime ou de la partie de dime réservée à leur cure.

Les paroisses n'avaient pas été uniformément dépouillées par la brutalité féodale et par l'avidité du clergé noble de l'impôt en nature sur le peuple pour le service du culte.

L'hérédité quant aux dimes inféodées, la division et la subdivision des bénéfices simples (sans charge d'âmes) quant aux dîmes ecclésiastiques, avaient, à travers les siècles, opéré, entre décimateurs, une variété infinie de partages des dimes.

Celles-ci, de plus, se subdivisaient elles-mêmes en dimes « grosses » sur les grains, les vins et Les fruits principaux; en « menues et vertes », sur les herbages et les légumes ; « de carnelage ou charnage », sur les bestiaux et