Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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leurs produits; enfin en « novales » ou dimes établies sur les terres nouvellement défrichées (1).

La «grange aux dimes », — devant laquelle le paysan d'autrefois ne passait jamais sans laisser échapper un cri de haine ou un geste de fureur, — contenait parfois jusqu'à vingt-quatre parts réservées à des décimateurs différents !

Dans les moindres villages, la dime se partageait souvent entre cinq ou six décimateurs (2), y compris ou non compris le curé. Il n'était pas rare, qu'en dehors de toutes les dimes courantes, le curé perçüt une « surdime » spéciale qui, par exemple, en Franche-Comté, s'appelait « droit de moisson » et, ailleurs, « droit de bosselage » (3).

En Lorraine et Barrois (4), d'assez nombreux curés augmentaient le revenu qu'ils tiraient soit de leur tiers de la dime ordinaire, soit de leur « portion congrue », à l'aide d’un petit bien annexé à leur presbytère, dit Le « bouvrot », —_ en Champagne « bouverot » — qu'ils faisaient cultiver par corvée ou qu'ils louaient pour une somme annuelle.

Ainsi arrivaient-ils à se constituer un revenu suffisant. Mais, dans la presque totalité du territoire, les curés étaient réduits à la « portion congrue » el encore ne leur restaitelle pas entière dans les mains, lors même qu'elle leur fût régulièrement payée.

« La daterie de Rome », écrivait un prètre en 1786 », les compagnies financières qui nous dévorent, les Anglais dans l'Inde, les cannibales et les Caraïbes dans le continent de l'Amérique, ne sont pas plus avides, plus voraces, plus à charge à la terre que ne le sont les animaux à longues fou-

(1) Répertoire Dalloz, v. culte, n° 45L. (2) L'abbé Mathieu, p. 40

(3) Rozet, t. IL, p. 37.

(4) Raconte l'abbé Mathieu, p. 138.