Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES COMPLOTS DE SAUMUR: LE GÉNÉRAL BERTON 1485

l’une au peuple, l'autre à l’armée. La première annonçait le renversement des Bourbons, la garantie des biens nationaux dont les possesseurs devaient cesser d’être inquiétés, et la suppression des droits réunis. On ne l’a pas retrouvée (1). La seconde était

ainsi conçue :

SOLDATS,

Toute la France est debout pour reprendre son indépendance. Les amis de l’honneur sont rangés sous l’étendard sacré de la patrie. Déjà nos vieux guerriers arrivent de toutes parts et se joignent à vos frères, à vos amis ; voici pour eux et pour vous le moment de la récompense et le complément de la gloire. Vous répondrez à l’appel, car vous êtes Français.

Soldats, ne vous faites pas illusion ! Ne comptez pas sur les promesses mensongères de ceux de vos chefs qui voudraient vous retenir pour vous plonger dans l’esclavage. Îls vous caressent parce qu’ils ont besoin de vous : si la victoire se déclarait pour eux, bientôt ils vous trahiraient dans vos affections les plus chères, celles de l’indépendance et de la liberté. Les grades, les honneurs, la fortune leur seraient réservés ; votre partage serait de rester toujours esclaves et dans les derniers rangs de l’armée. L’expérience vous l’a déjà appris. Tous les jours vous voyez licencier, réformer vos anciens compagnons d’armes. Les honorables blessures dont ils sont couverts, les lau-

(x) « Le général Berton a lu, sur la place de Thouars, deux proclamations, l’une au peuple français, l’autre à l’armée. Je n'ai pu me procurer que cette dernière ; il paraît impossible d'obtenir la première. » Général de Briche au ministre de la guerre, Saumur, 28 février. — À. N.—DeBriche commandait à Tours la 4e division militaire,