Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES COMPLOTS DE SAUMUR : LE GÉNERAL BERTON 189

était alors minuit, et l'obscurité était complète. Berton comptait, sans doute, sur un mouvement de la ville. Mais la ville ne bougeait pas. Elle-même attendait peut-être l’entrée de Berton. Vainement Delon, irrité de ces lenteurs, pressait d'attaquer et de forcer le passage. Le général s’y refusa. « Je ne prendrai pas sur moi, dit il, de faire verser le sang français. Je ne sacrifierai pas à des promesses que l’on ne peut tenir un seul des braves gens qui m'ont suivi. » Une partie de la nuit se passa en contestations auprès du pont Fouchard, tandis qu'au contraire les autorités de la ville reprenaient courage et décidaient l'attaque pour le lever du jour. Berton en fut avisé. Malgré les reproches de Delon, auquel s’associait Pombas, il donna le signal de la retraite. La colonne reprit la route de Montreuil, rentra en partie dans Thouars et se dispersa, sans avoir eu à tirer un coup de fusil. Ce fut seulement le lendemain et les jours suivants que les recherches actives faites à Saumur, à Thouars et dans les environs amenèrent l’arrestation de plus de 150 personnes. Les délégués des villes avaient pu rentrer chez eux. D’autres conjurés, Delon, Pombas, Moreau, avaient gagné la côte, d’où ils s’embarquèrent pour l'Espagne. Seul, Bertonerra plusieurs mois sous divers déguisementsdans l'Ouest, cherchant sa justification dans une nouvelle et plus

heureuse entreprise. 11