Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

198 LES COMPLOTS MILITAIRES

Juriste éminent, magistrat distingué et d’une probité irréprochable (1), Mangin eut le tort de servir les passions qui animaient alors la droite contre le parti libéral. L'instruction lui fournissait quelques noms de députés. Dans l’acte d'accusation qu'il signa le 24 juillet et qui fut publié par le Moniteur, le rer août, il s’attacha à mettre ces noms en lumière, et, pour ainsi dire, en vedette. Il ne se borna pas à rappeler les propos de Berton, annonçant à Thouars qu'un gouvernement provisoire avait été établi, dont Foy, Kératry, B. Constant faisaient partie; que le général Demarçay était au courant du mouvement,etc. Il ajouta qu’il était prouvé que Grandménil avait présenté Baudrillet à Lafayette, et que Lafayette lui avait dit, au moment où il prenait congé pour aller retrouver Berton et le ramener dans les environs de Saumur : « Allons, du courage, mon cher Grand-

ménil (2). » Bref, il avait habilement rassemblé tous

(1) Mangin (Claude), né à Metz en 1786. Procureur du Roi à Poitiers, en 18:16. Procureur général à la Cour en 182r. Conseiller à la Cour de cassation en 1827. Préfet de police en 1829. Crut prudent de passer à l'étranger en 1830. En revint pour se faire inscrire au barreau de Metz. Mort en 1835.

(2) Première déposition de Baudrillet devant le juge d’instruction de Saumur. Déposition qu’il s’empressa de rétracter lorsqu’il èn aperçut la portée. Il s’efforça de faire croire qu'il avait pris pour Lafayette une autre personne dont il donna un signalement tout a fait différent de celui du général. — La justice ne fut pas dupe du subterfuge : la figure de Lafayette était assez connue pour qu’il fût difficile de s’y tromper.