Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES COMPLOTS DE SAUMUR: LE GÉNÉRAL BERTON 199

les indices qui pouvaient faire croire à la complicité des principaux membres de la gauche.

De la part de tout autre qu’un magistrat, et dans d’autres circonstances, l'attaque eût peut-être été de bonne guerre. Car enfin le parti libéral en prenait à son aise depuis deux ans. Mêlé à toutes les conspirations (sauf le général Foy), il s’en réservait les bénéfices sans en risquer les dangers. Il les traitait, quand elles échouaient, de trames imaginaires inventées par la police; il coupait habilement le fil d'intelligence qui pouvait remonter jusqu’à lui, et il s'indignait, du haut de la tribune, d’accusations qu'il renvoyait à la calomnie. Mais dans l'affaire de Saumur, il ne pouvait plus parler de complot fictif, il y avait eu commencement d'exécution; il ne pouvait faire passer Berton pour un agent du gouvernement; à plusieurs reprises, il l'avait vanté comme un des siens. Il ne pouvait enfin contester que le général n’eût parlé de quelques députés.

Cependant la publication de Mangin manqua le but par sa mauvaise foi. Ni Foy, ni Laffite, ni Kératry n'étaient de l’affaire. Leurs protestations donnèrent le change sur leurs collègues. Elles éclatèrent le jour même où parut le document dans le Moniteur (18* août). La défense fut excessive comme l’attaque.

Foy s’indigna. Laffite réclama une enquête. Il

s’écria, avec emphase : « Il s’agit de savoir si nous